Joel VANEL
MILLES
BORNES
1- L’ENFANCE
Tel un jour de printemps après que le monde ait vécu cet évènement qui restera gravé à jamais dans les mémoires , ce tout premier pas de l’homme sur la Lune , en ce début de vingtième siècle , que le 15 Avril 1970 , à deux heures dix du matin , je faisais mon entrée dans le monde des vivants .
Comme cette furtive sensation de deviner ce qui m’attendais ici là .
Pour commencer ce nom de famille quelque peu artistique , ainsi se rattachant à un prénom peu commun , ou plutôt celui d’une toute jeune artiste qui devait trop vite disparaître , y a-t-il un lien de cause à effet ? , car si on y regarde à deux fois , sur mes paumes de mains , les lignes de vie , on peut y découvrir un trait de création . Je ne serai donc jamais quelqu’un comme les autres .
Quelques bribes de souvenirs me reviennent ainsi , telle cette carte postale , celle de ma plus tendre enfance qu’il me semble pourtant avoir trop vite sans doute survolé .
Les premières épreuves auxquelles vous confrontent la vie , cet accident de la circulation commis par un homme conduisant sous l’emprise d’un état alcoolique , le 22 Octobre 1972 , dont mes parents et moi-même furent les principales victimes , et cette fracture de la hanche gauche , à même mes premiers pas , qui me clouait sur un lit d’hôpital jusqu’à mon troisième anniversaire .
Ces parfums du passé qui vous reviennent inexorablement , de la cour d’école , avec ses innombrables peupliers sous lesquels s’agitaient les gones , comme on dit chez nous , des jeux de billes , premiers défis de l’existence , celui qui en possèdera les plus beaux spécimens tels des tableaux d’une valeur inestimable , aux terrains de jeux , où se retrouvaient après l’étude , et une fois les devoirs faits , les copains de quartiers , il fallait imiter les stars du football de l’époque Platini Tigana Rocheteau et bien d’autres encore .
Au coucher , malgré les réprimandes de mon père , l’oreille collée à mon transistor , à l’écoute de cette incontournable station de radio et ces quelques heures consacrées aux grands hommes de la route , très tard je venais à m’endormir , combien n’avais-je donc pas déjà à l’esprit ce qui serait ma future profession , plus qu’une passion , autant dire que chaque matin les réveils étaient plutôt difficiles .
Des tours de hauteur aux barres d’immeubles on pouvait y apercevoir ces familles nombreuses regroupées au sein des H.L.M jusqu’aux propriétés privées , familles dont on aurait pu dire qu’elles ne faisaient plus qu’une tellement elles se connaissaient . On s’y côtoyait tant la semaine , les jours de marché que le dimanche à l’heure de la messe , tel un village dans cette si grande ville , Saint-Priest pour ne pas la nommer , située à l’est de la capitale des Gaulles .
Au cœur de l’immense citée s’en trouvait le Groupe Scolaire Joseph Brenier , au plus profond de ma mémoire , comme s’il en était hier , l’image de l’équipe pédagogique dont l’immense et merveilleux métier était de transmettre les bases du savoir aux générations d’élèves , il y avait cette jeune institutrice en cours préparatoire , Mr Bernard en CE1 , Mr Reynault en CE2 , respectivement mesdames Curt et Noyelle pour le CM1 , CM2 .
A l’arrivée des mois d’été où la chaleur devenait parfois étouffante les appartements se vidaient quelque peu , oh seulement pour quelques semaines , certains de mes collègues partaient dans le sud de la France ou du côté de l’océan , les autres à la montagne , certains ne pouvant partir en vacances car leurs parents n’avaient pas beaucoup de moyens .
C’est vers la maison familiale située en pleine campagne , à flan de colline , là où on peut y découvrir nombres de sources et entendre le bruissement des ruisseaux , derniers lieux où la nature règne encore en maître , avec ses milliers d’hectares de forêt flanqués à perte de vue , que ma famille et moi-même nous allions nous reposer , serait-ce là un bien grand mot , car il y avait tant à faire , les travaux interminables de la vieille bâtisse , les fruits et légumes de saison au jardin à ramasser , les animaux de la ferme , lapins poules vaches cochons et ce cheval de trait bien vieux qui me semblait si immense et fort de par sa carrure imposante , à nourrir .
Ces images du ballet interminable des moissonneuses-batteuses , le temps venu de la coupe du blé , pour un coup de main entre agriculteurs , ces anciens de la commune , les sages , tels que l’on aimait à les qualifier , avec leurs casquettes et leurs bleus de travail nous ramenaient à les écouter , au moment de la pause , entre les nombreuses tournées générales , avec leurs indispensables philosophies dans le plus pur respect des traditions .
Les moments d’innocence et les quatre cent coups avec les autres enfants , qui habitaient tout au long de l’année dans cette commune plantée au cœur du parc régional des monts du forez , Véranne , et dont l’âge se situait plus ou moins au mien , les jeux d’eau au bord de la rivière , les après-midi passés dans la piscine du voisin , les ballades à vélo sur les routes étroites et chemins escarpés , les innombrables aller-retour de mes frères , en mobylette , pour aller chez le boulanger , l’épicier car il fallait se déplacer à quelques kilomètres pour atteindre le centre du village , car il n’y avait pas de magasins comme on en trouve en ville le reste de l’année . Il y avait le passage tant attendu du facteur et de sa 4L fourgonnette jaune , au moment du petit déjeuner .
Les processions annuelles vers la chapelle de Saint-Sabin surplombant la verte vallée à l’heure de la cueillette des myrtilles affairé de l’outil indispensable , le fameux peigne , mais fallait-il sans cela encore connaitre les moindres recoins sensés regrouper les masses de cet or si précieux pour certains .
Dans le mois , comme chaque année , l’évènement organisé par « les classes » , la vogue , qui commençait par la tournée des brioches dans une vieille camionnette , comme on chantait le mai et le jour J le défilé des chars dans les rues du bourg se suivant d’un spectacle aux extraordinaires artistes , aux diverses facettes et talents , longuement applaudis . Nombre de manèges étaient présent pour le bonheur des plus petits et des plus grands comme y était également proposé boissons et victuailles , crêpes , gaufres , barbe à papa , et bien d’autres choses encore . La municipalité proposait aux citoyens et villégiateurs des plateaux repas des spécialités du pays , la journée se terminait par un bal animé par un orchestre .
Les week-end s’ensuivaient de visites de hasard de membres de la famille car faut-il dire que celle-ci était quelque peu , comme le voulait l’époque , nombreuse car les grands-parents maternels , le pépé et la mémé Gay , comme nous les nommions , Gabriel au diminutif biel donné par les autres villageois et Maria , s’étaient-ils ainsi de part leurs prénoms respectifs bien trouvés , avaient eu plus de dix enfants , pour les hommes c’était autour d’un verre de vin au cœur même de la cave de la maison , où y étaient entreposés les nombreux tonneaux dans lesquels reposait le fameux nectar récolté au moment des vendanges dans les différentes vignes de la famille , toujours à une température constante , et autant dire que la fraîcheur et l’humidité étaient scrupuleusement maintenue , pour les épouses à l’étage et les piaillements continuels devant un thé accompagné de quelques biscuits .
J’attendais , avec une certaine impatience , l’arrivée du tonton Jean , boucher de son état , tenant un commerce à Ferney-Voltaire , accompagné de la Dédé son épouse à l’époque , avec leurs filles Martine et Sylviane , comme ce bonheur et privilège que de séjourner dans leur maison , depuis laquelle on pouvait voir et entendre les nombreux décollages et atterrissages des avions de ligne , mon oncle aimait à nous amener , dans son confortable véhicule , mon père et moi-même , au long des pistes de l’aéroport de Genève-Cointrin .
Les soirées , après un festin dinatoire , se terminaient par une ballade au clair de lune sous la grande ours et le scintillement de l’étoile du berger , sur la route du pont .
Certaines nuits on pouvait entendre le bruit étourdissant du camion du laitier venu relever les biches , déposées la veille par les paysans du hameau , au pied de la vieille grange où était entreposé le foin .
Le plaisir de nous rendre le plus régulièrement possible vers la famille de mon papa à La Versanne , tout prés du col du Bessat , où résidaient Jean-Marie et Julie VANEL , mes grands-parents paternels , et dont les héritiers étaient au nombre de cinq .
J’aimais tout particulièrement cette maison de pierre , si joliment fleurie tout au long de l’année , et à la porte de laquelle veillait la vieille chienne Perlette que j’étais heureux de retrouver .
Il y avait le chêne ombragé centenaire où nous nous asseyions au moment de la collation , il y avait aussi les parties de belote des hommes .
A l’heure du souper nous réunissions tous autour de la grande table de la cuisine , qui servait de pièce principale de la demeure séparée par une porte et un couloir exigu qui menait à l’étable aux bovins , pour ma part je posais mes fessiers sur le meuble à l’intérieur duquel était rangé le bois coupé , tout à côté du vieux poêle .
Le repas était composé de la charcuterie fabriqué par le patriarche et ses enfants , car faut-il savoir qu’autrefois , qu’après chaque fête de fin d’année on tuait le cochon pour en faire des saucissons , jambons et autres pâtés de campagne , tout comme des milliers de paysans le pépé et la mémé VANEL vendaient du lait de leurs vaches , du beurre et des faisselles , tout cela fabriqué de leurs propres mains et proposé aux estivants du coin .
Le dîner se terminait avec du fromage , les pâtes de coing préférées de mon frère cadet sans oublier la tablette de chocolat , mise de côté pour moi par ma grand-mère , dont je raffolais faut-il bien l’avouer et sans laquelle je ne repartais .
Comment me serait-il possible d’oublier ce couple , étant tant resté dans ma mémoire , que composait cette petite bonne femme , la tante Rose , et ce grand monsieur l’oncle Jean .
Les quelques derniers jours de repos se terminaient , certaines années , à l’air marin , à quelques encablures de Bézier , au cap d’Agde , et ces instants en ces lieux me réjouissait d’autant plus , la vue des bateaux de plaisance , et autres vedettes , me laissaient doucement à rêver , qu’un jour peut-être , je pourrai être l’heureux propriétaire de l’un de ces voiliers .
Les journées étaient expressément réservées aux baignades , jeux de plages , bronzage , il ne fallait pas oublier de se passer de l’huile solaire sur le corps , pour ne pas attraper des coups de soleil et éventuelles brûlures , il y avait les nombreux passages , criarderies des vendeurs de glaces « chouchous ! beignets aux pommes ! beignets abricots ! mangez les bons beignets !! » , au milieu de ces quelques milliers de personnes qui comme nous s’étaient dirigées vers la Méditerranée .
On pouvait apercevoir au loin , la gendarmerie maritime veiller au strict respect des règles et limites de vitesse des plaisanciers et autres jet-ski , les péniches-promenade et paquebots de croisière croisaient au large .
A la tombée de la nuit , à la fraicheur marine , la population estivale se dirigeait vers les terrasses des restaurants et autres glaciers présents tout au long de la jetée du port , sans oublier les discothèques ou la fête foraine pour se divertir , parfois des spectacles , des plus divers , au sein de la station balnéaire , y étaient également proposés .
C’est sans une certaine mélancolie et le cœur serré , mais l’esprit chargé d’images et de souvenirs , qu’il nous fallait ainsi , au même titre que des milliers de vacanciers , nous en retourner vers ce qui était notre résidence principale , ainsi pour débuter une nouvelle année et reprendre nos chères occupations jusqu’au prochain été , non content de retrouver les camarades de classes , et chacun racontait , avec un certain talent , ses périples et autres aventures vécues tout au long des dernières semaines passées .
Mon « vieux » reprenait son activité de fraiseur-aléseur , exercée plus de quarante ans chez Mécabati , à Vénissieux , ma maman quant à elle gardait des enfants , et devait se reconvertir plus tard , en tant que femme de service pour l’entreprise Crozier dans le domaine de la restauration collective .
2- L’ADOLESCENCE
Le début du mois de Septembre amenait , sur le plan scolaire , pour la fratrie , son lot de nouveautés , mon entrée en secondaire , en ce collège baptisé du nom de ce grand acteur , Gérard Philipe , correspondait avec cette adhésion massive envers cette fleur , la rose , symbole de liberté et fêtée à travers tout l’hexagone , en cette année 1981 qui restera dans l’histoire de notre nation , grâce à ce grand homme au chapeau , Monsieur François Mitterrand , qui mènera notre pays vers son destin durant quatorze ans , cet européen convaincu qui scèllera définitivement l’amitié Franco-Allemande avec le chancelier Helmut Coll , il laisse tel un roi de France qu’il incarnait aux yeux de l’opinion et du monde des grands travaux , La Défense , La Grande Bibliothèque Nationale , La Pyramide Du Louvre , et surtout un nouvel ordre audiovisuel , plus de treize années après la première révolution soixante-huitarde , avancées sociales , techniques , technologiques , industrielles , pour un monde en pleine mutation .
Pour me rendre vers ce C.E.S , oh combien délabré , dont la destruction était programmé dans le cadre d’une réhabilitation , quelques années plus tard , et qui se trouvait à un kilomètre à vol d’oiseau de la maison où les miens et moi-même nous résidions , Place Molière plus exactement , je me devais de traverser le quartier des Ormes et couper par un petit chemin de terre , à travers un champ de blé affecté au domaine de Revaison et qui fût déclaré terrain constructible par la nouvelle municipalité lors du projet banlieue 1989 pour moderniser , plus encore développer la commune dans sa globalité et faire de celle-ci une ville du vingt et unième siècle , on vît très vite les premières constructions faire leurs apparitions .
Au retour , parfois , je n’oubliais pas de passer par la petite épicerie qui se trouvait sur le cours Jean Jaurès , et qui était située à quelques lieux du secteur de Diderot , pour acheter , avec mon argent de poche , quelques bonbecques à trente centimes , le franc étant encore à l’époque la monnaie principale utilisée .
Combien résonne encore en moi cette voix si rauque , à l’intonation autoritaire , de celui qui fût , durant plusieurs années , mon professeur principal , Mr Lecoutre , ce « Géant » , était-il aussi grand que ces basketteurs des Harlem Globes Trotters , chargé de nous enseigner à mes camarades et moi-même les mathématiques , il y avait aussi cet homme qui dispensait le français dont on aurait pu dire qu’il était le sosie parfait de Karl Marx , dans les couloirs déambulait le conseiller d’éducation , avec son indécrotable sifflet à billes , qui , au même titre que les surveillants d’établissement , « les pions » comme on aimait à les appeler , était chargé de faire respecter le règlement intérieur .
Il y eût cette communion , cette tradition que de porter l’aube blanche , au même titre que des millions de baptisés , une montre et une gourmette en or pour présents .
Côté loisirs je ne manquais pas les cours de natation , les leçons de tennis , les cours de guitare certains mercredi après-midi , bien que très vite abandonnés par la suite .
Pas une année ma famille et moi-même , accompagné parfois de quelques connaissances ou du cousin Serge , nous ne faisions l’impasse sur « la journée vélocio » , des Bernard Hinault en herbe en quelque sorte, tout comme les professionnels qui très régulièrement , au mois de juillet , empruntaient ces routes de la région stéphanoise , cette année justement où la caravane du plus grand évènement au monde , Le Tour de France , avait fait étape , oh quelques heures au plus , dans notre bonne vieille ville , sans oublier cette immense foire qui battait son plein au début de l’automne , venait ensuite le moment tant attendu pour déguster ces pâtés toujours plus succulents de la San-Priode .
La musique était aussi à l’honneur avec les nombreux concerts de L’harmonie des Enfants de Saint-Priest dont l’un des trompettistes n’était autre que mon frère Yvon , il y avait les nombreux échanges avec Mulheim-Ain-Main , dans le cadre du jumelage , dont nous devions fêter quelques années plus tard le vingtième anniversaire .
Les week-end , tout au long de l’année , ce club des cinq que nous formions moi et les miens , nous nous rendions vers notre résidence secondaire dont le lieu dit se nommait si joliment « La Tronchiat » car mon père jamais n’aurait manqué ce rendez-vous qu’il considérait comme son sport favori , la chasse , et toujours accompagné dans toutes ces campagnes et autres battues de son fidéle chien « Black » .
Au long de la route , parfois ils nous arrivaient de nous arrêter pour saluer le tonton Louis et son épouse qui tenaient une épicerie à Chavanay .
Arrivés enfin un peu plus tard à notre destination finale , nous avions droit à cette dégustation exclusive de la tarte aux pommes , que confectionnait ma grand-mère , avec talent et amour .
Quelques dimanches , et bien qu’en fin d’après-midi , sur le chemin du retour , nous faisions une halte chez Roger et Denise , à Saint-Clair Du Rhône , ayant reçus des plus hautes sphères de l’état la médaille de la famille nombreuse , et d’autres fois chez Max , sapeur-pompier professionnel devenu plus tard employé au sein d’une entreprise de pompes funèbres , habitant de l’autre côté du pont qui enjambait ce fleuve , le Rhône , à Condrieu , haut lieu viticole et connu de part le monde pour son Appellation d’Origine Contrôlée « Côtes Du Rhône » .
1986 , je ne savais pas que j’allais vivre nombre d’émotions .
Le projet de l’ainé de mes frères , Roland , après de longs mois de préparation qui vit enfin le jour , plus encore relaté dans la presse régionale , que celui de faire le tour de la Méditerranée à vélo , comment mes parents ne pourraient-ils pas être plus heureux que de voir leur tout premier garçon devenir un homme .
Quelque temps après , ce voyage dont la destination n’était autre que « Le Connemara » , ce sanctuaire et ces nombreux lacs , ce magnifique pays qu’avec plaisir je découvrais , l’Irlande , tel cet hymne interprété par ce grand artiste , Michel Sardou , et qui restera « mon maître » en matière artistique .
C’est au cœur de ce parc naturel que j’allais apprendre la disparition brutale de cet ange dont j’avais fait la connaissance quelques temps auparavant , Jannique S. , elle reste encore aujourd’hui dans mes pensées , elle tient une place prépondérante dans mon coeur , je me rends régulièrement sur sa tombe , telle une façon pour moi de lui rendre hommage .
Il y a dans l’existence de chacun d’entre nous ce que l’on souhaite et ce que la vie nous permet de réaliser , c’est ce qui fût le cas pour moi , comme pour tant d’ados , et tellement mon idée était faite et je savais au plus profond de moi , et je n’en décrocherai pas , qu’il me faudrait atteindre , quoi que cela puisse m’en coûter , quoi qu’il faille faire , un jour prochain , ce but , devrais-je plutôt dire , ce « rêve de gosse » , mais mon cœur vascillait aussi sur ce chemin que celui de rester dans les pas de mes oncles Jean et Louis , et tant ils seraient certainement « mes pères professionnels » , je n’étais donc pas peu fiers de poursuivre leur œuvre .
C’est ainsi qu’ à la fin de mon année de troisième , je m’orientais donc vers le lycée professionnel Hélène Boucher à Vénissieux .
Chaque matin j’empruntais la ligne de bus n°54 , ne pourrais-je vous le cacher plus longtemps , je m’imaginais , à l’âge requis , être au volant d’un de ces bahuts .
En matière de vente , pour être compétent , une très bonne formation est indispensable , une équipe d’enseignants dont l’expérience est reconnue , il y avait « ce duo » si vous me permettez l’expression , Mr Mathieu et Mme Desjardins , qui durant vingt-quatre mois nous donnaient toutes les clés , nous formaient à tous les rudiments pour réussir dans un domaine d’activité très complexe , différents stages sur le terrain y étaient associés bien sûr , ainsi cela nous permettaient-ils plus encore d’utiliser au mieux toutes les connaissances acquises , pour ma part je passais quelques semaines au sein de la société Broc , spécialisée dans les produits laitiers , placée au cœur du Marché International de Lyon ( M.I.N. ) qui se trouvait à l’époque dans le quartier de Perrache non loin de la gare , je me dirigeais plus tard vers une surface commerciale des plus moderne , Auchan Porte des Alpes , enseigne phare de la grande distribution .
De la théorie à la pratique j’obteins un diplôme , le Brevet d’Etudes Professionnelles ( B.E.P. ) .
3- A L’AGE ADULTE
J’entrais très vite , dés ma majorité , dans la vie active .
Je faisais mes premières armes en tant que vendeur-représentant-démonstrateur pour la société de jouets Smoby-Clairboix , l’une de mes plus belles expériences aussi faut-il le dire , à l’issue cette fierté que de m’offrir après de longs mois de rigueur budgétaire et d’épargne ma première voiture .
Trouverez-vous surprenant que ce ne fût qu’ à l’âge de vingt-deux ans que je vécu ma toute première relation sentimentale , une rencontre , grâce à une personne m’étant proche , avec une toute jeune femme , A.-M. , je découvris vraiment l’Amour .
Il y a des hasards de vie qui vous permettent de connaitre des moments inattendus que jamais vous n’auriez imaginé et trouver sur votre chemin de vie , ce don de voix , transmis par mon père , cette annonce passée par un compositeur , Maurice Bastid , sur un journal gratuit , que je contactais rapidement , ce rendez-vous qui devait changer quelque peu le cours de mon existence , j’enregistrais en studio professionnel mes premières chansons .
A cette même époque , à Pélussin , dans le département de la Loire , le bonheur de faire quelques connaissances , des liens et amitiés naissaient , les nombreuses sorties le samedi soir , cette insouciance de la jeunesse est-il vrai , c’était le bon temps quoi .
J’apprenais plus tard un métier relié à celui du bâtiment , vitrier , la découpe de verre , j’y exerçait cette fonction chez Castorama à Givors .
Le privilège de vivre , après quelques sacrifices consentis , une parenthèse , pour réaliser enfin ce projet auquel je tenais tant , et le financement intégral de manière là encore personnelle , pour obtenir , après de longues années de patience , le permis D de transport en commun .
Je devins ainsi conducteur pour une entreprise d’autobus dont le siège social se trouvait du côté de Chambéry , en Haute-Savoie , pour amener le public vers les différentes stations de ski , puis de nombreux mois l’exercice d’autocariste pour le groupe Tourisme Verney .
Il est un proverbe qui cite de la façon suivante « que l’on revient toujours à ses premières amours » c’est ce qui se passa en cette année 1998 , je fis un retour remarqué dans le commerce en tant qu’employé commercial pour le groupe Hyparlo dont l’enseigne bien connue du public se trouvait être « Continent » qui passa par la suite sous la bannière « Carrefour » .
C’est quelques semaines précédentes la coupe du monde de football que je fis la connaissance de ma deuxième compagne , P. , une demoiselle au caractère bien trempé , pour laquelle on ne pouvait avoir que de l’estime et cela dû à une situation de vie bien difficile , du fait de son handicap physique , appelé plus précisément égénérésie fémorale droite , mais la volonté battante de cette être en laissaient quelques uns pantois et remplis d’admiration dont moi le premier , puisque plus qu’une complicité s’installait entre nous , pour nous amener très rapidement vers une vie commune , un couple se formait donc . Une séparation inévitable devait intervenir au bout de quelques années .
Au début de ce nouveau siècle , le calendrier bouleversé une fois de plus par cette proposition qu’y m’était faite par le directeur de l’école de musique de Chassieu , concepteur mélodique , Monsieur Michel Trux , celle de participer en tant qu’interprête à une comédie musicale intitulée Huma Nova , relatant l’histoire de l’homme depuis la préhistoire jusqu’à nos jours , sur des textes et paroles créées par un auteur , Gerard Roger , ces artistes amateurs coachés par un metteur en scène , Edmond Morsilli , ces passionnantes répétitions , une représentation officielle , ce live en public le 24 Juin 2000 gravé sur compact disc , pour clôre cette très belle aventure .
La terrible disparition de ce petit garçon , Giovanne , dans l’incendie de l’appartement de son papa à Lyon , je lui dédiais un titre « P’tit gars » , était-il bien normal me semble t-il .
Quel cadeau que nos routes se soient croisées , une amitié sans faille devenait possible , une complicité avec celle que je considérerai toujours comme « ma petite sœur » , Christine R. , ce petit bout de femme oh combien exceptionnelle , tellement timide , si fragile , mais au grand cœur . Que de chemins parcourus aux côtés l’un de l’autre , beaucoup de choses vécues ensemble depuis des années , une confiance mutuelle inébranlable .
Cet accident du travail , fracture de cheville , deux interventions chirurgicales à quelques mois d’intervalle , une incapacité permanente reconnue à hauteur de 20 % par la caisse primaire d’assurance maladie avec le versement trimestriel d’une rente à vie , aujourd’hui le statut de travailleur handicapé .
Ce « crabe » plus connu sous le terme de cancer que devait combattre mon père , la crainte qu’il ne quitta précipitemment ce bas-monde , mais son courage et sa volonté lui permettait , bien heureusement , d’en sortir vainqueur , un exemple pour nous tous .
Plus tard , je décidais d’obtenir mon brevet de secourisme de part une formation aux gestes de premiers secours dispensée par la Croix Rouge Française .
Des créations artistiques s’en suivraient, avec des auteurs et compositeurs tous plus talentueux les uns que les autres , et dont il restera trace , l’ensemble de mon répertoire musical donc , grâce à ce site sur internet , l’écriture d’un recueil de poèmes que je devais intituler « Récitations modernes-et pour vous dire des mots » , un enregistrement vocal pour que celui-ci soit proposé à un public le plus large possible , un blog personnel mis en ligne .
2009 , le souhait de tourner une page de ma vie , qu’elle fût personnelle ou professionnelle , en créant officiellement ma propre entreprise d’organisation d’évènements divers , public ou privés .
Ne puis-je terminer ce récit de mes quarantes premières années de vie sans même vous conter l’histoire surprenante de ce coup de foudre de mes géniteurs voilà maintenant un demi-siècle , cette jeune femme brune aux cheveux longs , eu le courage de passer une petite annonce dans le quotidien Le Progrès , chose peu courante à ce moment là , ceux qui devaient devenir plus tard mes grands-parents paternels remarquaient cette dernière et la faisait parvenir par courrier à leur fils qui était au service militaire , qui répondit aussitôt , les deux tourtereaux devaient correspondre régulièrement , leurs familles respectives n’étant non loin l’une de l’autre , après quelques mois passés , les deux amoureux purent enfin se découvrir , les fiançailles annoncés puis les bancs déposés de leur union officielle , de leur amour naitra trois garçons .
A BIENTÔT
Joel VANEL
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